Le corps : humain, transhumain, divin ?

Qu’avons-nous de plus important que le corps ? Avant lui, qu’étions-nous ? Et après ? Notre existence prendra fin avec la sienne, si bien que rien n’est plus important que lui : il représente le seul moyen actuellement connu pour un humain d’être vivant ici-bas. Il n’y a donc pas besoin de conférence pour déterminer ce qui sonne comme un slogan : le corps, c’est la vie. Et vivre, surtout quand on est suffisamment riche pour en profiter, et dans des conditions de santé agréables, cela représente bien des plaisirs. D’ailleurs l’immortalité terrestre est un rêve immémorial. Seulement, une fois qu’on a admis cette constatation de base que le corps est notre plus grand trésor, ça se corse. Car ce qui le caractérise pour la plupart d’entre nous, c’est son mystère. Si nous fermons les yeux et que nous essayons de regarder dedans, que voyons-nous ? Rien. Rien que notre ignorance. Alors qu’est-ce que c’est exactement, ce corps à vivre, à prolonger, à quitter ? Une machine ? Un véhicule ? Une matrice ? La vie s’éteint-elle avec le corps ou bien au contraire ? Selon la réponse donnée, des sociétés radicalement différentes se dessinent et ces questions aujourd’hui débordent du cadre de la philosophie, de la théologie ou même de la science fiction. Elles entrent dans des choix de société, dans notre quotidien par le biais d’un implant, d’un vaccin ou d’une méditation de pleine conscience. Il est temps d’interroger notre corps. Le voulons-nous humain, transhumain, post-humain, divin ? Quels chemins nous y mènent ?

Partons de la définition simple des dictionnaires. Ils disent tous la même chose, un corps appartient à la matière, c’est un ensemble matériel (un agrégat, un assemblage, un organisme selon les dictionnaires) distinct d’un autre corps. On l’oppose à l’âme et à l’esprit qui sont sans matière. Cet ensemble matériel concerne d’abord le corps humain ou animal, puis par métaphore tout ce qui fonctionne comme un ensemble, même dépourvu de matière, du moment qu’il est distinct d’autres ensembles : les grands corps de l’état, le corps d’armée, le corps médical, le corps enseignant.

Il faut pour l’unité de ces corps du liant entre les parties qui les constituent. Quel est le liant de notre corps physique ? Où est-il ? Normalement partout, sinon comment relier ? Et de quel ordre-est-il ? S’il est physique, ce peut être par exemple ce qui va partout, comme le sang, ou la lymphe, ou alors les nerfs, les fascias, ou tous à la fois. Mais cela pourrait aussi être la conscience que nous avons du corps, ou encore la mémoire partagée des cellules puisque nous avons été construits à partir d’une seule cellule. Il en va de même pour les corps métaphoriques, reliés par une communauté de sens, de lois, de compétences ou de convictions. Ainsi aussi dans les corp-orations, avec le danger d’un corp-oratisme étroit.

Car si un corps est un ensemble d’agrégats, un « corps étranger » comme on dit, risquerait d’en causer la désagrégation, ou au moins la désorganisation. On sait comme la fausse route d’un aliment atterrissant dans un poumon s’avère mortelle et une greffe ne peut réussir que dans certaines conditions sous peine d’être rejetée. Ce qui caractérise un corps vivant bien et en bonne santé, c’est la cohésion. Pour qu’un nouvel élément y entre au sens concret ou non, il faut donc des règles strictes d’incorporation. Ce principe de cohésion des corps et de précaution nécessaires à l’incorporation a d’ailleurs justifié bien des “purges”, des exclusions ou des refus au sein d’associations, de partis ou même de pays. Songeons par exemple aujourd’hui au problème de l’immigration vers l’Europe. Mais revenons au corps humain avant de nous dé…corporer.

Pendant très longtemps en Occident, il nous est resté vraiment étranger. Comment une femme tombait-elle enceinte ? Le sang circulait-il, dans quel sens et depuis quel organe ? Les anciens se lissaient la barbe devant plusieurs autres questions de ce genre qui nous semblent aujourd’hui enfantines. Une société au regard tourné vers l’extérieur ne pouvait pas autrefois trouver de réponses sur ce qui se passe à l’intérieur de nous, derrière la frontière de la peau. Il n’y eut pas d’autre moyen que de transformer l’intérieur en extérieur, c’est à dire d’aller voir chez un autre à l’extérieur de soi ce qui se passait dedans, en disséquant les corps des cadavres. Cette opération demeura longtemps exceptionnelle. Pourquoi ?

On a beaucoup accusé l’Église d’avoir interdit la dissection, mais j’ai eu la surprise de lire le contraire en préparant cette conférence. A part certes qu’elle condamna une pratique répandue chez les nobles croisés. Ils demandaient à être bouillis – après leur mort ! pour pouvoir regagner la France, essaimer leurs os dans les églises et en recevoir un honneur posthume, jusqu’à ce qu’un pape jugeât cela « dégoûtant ». En réalité, il n’y avait pas besoin d’interdit pour ne pas avoir envie de disséquer, c’était une réaction naturelle que de considérer le corps comme sacré, puisqu’il est la vie-même.

Une autre raison s’y ajoutait. Puisque en plus du corps il faut compter avec une âme et un esprit, est-il absolument impossible que le corps se réanime après sa mort ? Toutes les histoires de zombis et de vampires s’appuient sur ce doute et le BA-BA de l’assassinat dans la Rome antique était entre autres de crever les yeux de la victime pour l’empêcher de retrouver son meurtrier et de le soulager de ses organes sexuels. Au sujet de la dissection, on avait donc la crainte de fâcher l’âme du découpé et de se faire tirer les pieds la nuit par son fantôme. Certes il y a eu des civilisations qui ont pratiqué des interventions sur les cadavres. Par exemple les anciens Égyptiens, mais c’était pour l’embaumement sacré. Les cannibales aussi découpaient les corps pour les manger, mais c’était une forme de rite funéraire qui faisait aux défunts l’honneur de survivre dans ceux qui les avaient mangés tout en réduisant à néant leurs capacités de nuire. 

La relation entre le corps et l’âme a donc selon les peuples dépassé la frontière du décès. C’est la raison pour laquelle les chrétiens pendant longtemps ont refusé la crémation des cadavres. Le corps de Lazare se décomposait depuis quatre jours mais il était là et le Christ le sortit du tombeau. On comprend qu’infliger le bûcher aux sorcières était une condamnation à double détente, si j’ose dire, puisque premièrement elle privait de l’existence terrestre sur l’instant, et deuxièmement elle privait de la résurrection et de la vie éternelle.

Finalement, on ne commença à autopsier régulièrement les défunts pour progresser dans la compréhension de notre corps qu’à partir du 15ème siècle avec André Vésale et il fallut attendre le 20ème siècle pour que se généralise la dissection. Police scientifique et autopsies en série, enseignement aux étudiants en médecine et recherche, la dissection de cadavres humains est rentrée dans nos mœurs. Le médecin légiste fait les gros plans des séries télévisées et tant de gens font don de leur corps à la science que ceux-ci s’amoncellent à ne savoir qu’en faire.

Cette généralisation de la dissection pose la question du sacré. Si le corps était considéré comme sacré, cette évolution est-elle un signe de sa désacralisation ? Ou alors, serait-ce que le scientifique est aujourd’hui revêtu du pouvoir autrefois réservé aux prêtres ? Disons les choses autrement : notre époque a-t-elle vu la désacralisation du corps ou la sacralisation de la science ?

Parlons d’abord de la désacralisation du corps. Descartes dans un livre de sa jeunesse, Traité de l’homme, propose une analogie entre le corps de l’homme et la machine : « Je suppose que le corps n’est autre chose qu’une statue ou machine de terre » dit-il en effet. Cette machine est pourvue d’une machinerie interne qui lui permet d’être efficace, comme une horloge ou un automate. Si j’ai bien compris, notre philosophe ne nie pas Dieu, mais en quelque sorte, comme si Dieu se retirait de sa création, il le sépare du corps et le cantonne à l’esprit et l’âme. Conscient que cette thèse sent le souffre, il ne la présente que comme une supposition. Et pour plus de sécurité, il ne publiera pas l’ouvrage de son vivant. Il n’eut pas les mêmes scrupules un peu plus tard pour assimiler le corps de l’animal à une machine, au point de lui dénier toute sensibilité.

Mais pour l’homme il y avait de quoi être prudent, car cette thèse jette les bases d’une vision matérialiste et mécaniste que quelques années plus tard un dénommé La Mettrie poussera au bout dans un livre explicite : L’homme machine. Ces réflexions vieilles de plusieurs siècles ont eu une influence majeures sur l’évolution de la médecine et de la recherche. Les sciences se sont intéressées à diverses pièces de notre machine. La médecine s’est spécialisée en cardiologie, rhumatologie, stomatologie, orthopédie etc, il n’y a qu’à voir le nombre de panneaux indicateurs aux portes des grands hôpitaux. Nous avons obtenu des merveilles grâce à cette orientation : la médecine a sauvé et amélioré les conditions d’innombrables vies et la chirurgie procède à des interventions d’une précision ébouriffante.

Toutefois, on lui a reproché de perdre de vue que le corps est un ensemble, ce qui est pourtant sa définition dans le dictionnaire. Et alors, me direz-vous ? S’il s’agit d’ensemble, toute fragmentation qui perdrait de vue le sens de l’ensemble est dangereuse. L’homme perdant la perception de son unité devient un composé de pièces détachables et remplaçables, il perd ce qui fait de lui un homme. On touche à la déshumanisation. Et qui détient dès lors le pouvoir sur le corps ? La science. Après la désacralisation du corps, voici la sacralisation de la science. Le pouvoir sur la vie est de l’ordre du sacré. Un pas de plus et ce pouvoir appartient au divin.

Le corps est faillible, sensible à la maladie et mortel, je ne m’étendrai pas sur ce sujet en plein coronavirus. Il est donc simplement plus sensé de remplacer ce qui dysfonctionne, ce qui tombe en panne, ce qui risque de mourir par de la vraie machine plus fiable et moins fragile que notre bio-machine. Le capitaine Crochet en a rêvé, la science actuelle aussi et cela se dessine. Nous avons déjà commencé sans nous poser la moindre question. Ensuite, il suffira de changer de plus en plus de pièces avec l’âge pour rester éternellement sur la terre. Jamais de date de péremption ni de game over, n’est-ce pas sympathique ? Plus que sympathique, cette perspective est enivrante et rencontre le rêve de puissance et d’immortalité de nombreux mortels.

Le processus est tout naturel, il va de l’aide extérieure à l’intervention interne, et de l’intervention interne à l’implant, et de l’implant curatif à l’implant modifiant. On a des dents qui carient. Depuis la préhistoire, la solution était de se les faire arracher en se laissant conter par un arracheur de dents que cela ne ferait pas mal. Mais personne n’aimait ça, et les vieux étaient édentés. Au siècle dernier, on a commencé à soigner les dents, puis on a fabriqué de beaux râteliers promis à vivre plus longtemps que nos os, et des dents sur pivot, des implants. Qui de nous s’en serait plaint ? De même, on fut d’abord horriblement myope sans autre solution qu’une canne blanche. Puis on chaussa des lunettes. Ensuite on opéra la cataracte, et la vie de millions de personnes en fut transformée. Aujourd’hui, le rêve de cornées artificielles devient réalité et des micro caméra implantées au fond de l’œil relaient l’image jusqu’au cerveau de certains aveugles. N’est-ce pas merveilleux ? Moi qui entends mal, je vous avoue que si on parle de poser un système auditif interne qui vivra plus longtemps que moi, je signe. Et peut-être même que je le  légueraiIl y aura sûrement un marché de l’occasion.

Ainsi peu à peu nous devenons, avec aussi nos prothèses de hanches, nos seins et nos joues siliconés, des êtres composites. Avec nos pace-maker et des prothèses de plus en plus perfectionnées, nous devenons même ce qu’on appelle des cyborgs, mot composé de cyb pour cybernétique, et org pour organismes, c’est à dire nous devenons des mélanges d’êtres humains et de machines robotisées.

C’est alors qu’une question de bon sens se pose : changer un œil pour un autre sans en améliorer les capacités, n’est-ce pas jouer petit ? Et si je devais subir une opération pour mes oreilles, certainement que je voudrais pouvoir redevenir sourde de temps en temps pour avoir la paix ou développer mon ouïe pour entendre ce que chuchotent les voisins. Donc, tant qu’à remplacer, remplaçons pour mieux. Ou pour plus rentable, peut-être ? Où est le mal, puisque nous en avons la capacité ? Ainsi naquit le trans-humanisme.

Qu’est-ce donc que ce mot ? Trans, ça veut dire à travers. Trans-humanisme signifie donc littéralement système de pensée, d’organisation etc, (-isme) qui mène à travers (trans) l’humain. Il s’agit de créer un homme de trans-ition. De transition vers quoi ? Vers autre chose qu’un homme, les chercheurs ne s’en cachent pas, vers un « post-homme ». Selon les critères retenus, ce transhumanisme sera  constitué de corps supérieurs à ceux des hommes simplement naturels. Supérieurs ou différents. Cette révolution, et le mot est faible, passe uniquement par le corps. Puisqu’on peut faire mieux, faisons-le. Seulement l’expression qui caractérise ce nouvel homme n’est pas un homme en mieux, un « mieux-homme », c’est un homme avec du plus : plus fort, plus résistant, plus performant, plus longtemps vivant, plus adapté à ce qu’on veut en faire. Un homme augmenté, tel est l’idéal présenté par les dieux du transhumanisme. 

L’intérêt d’une telle création (au sens propre) saute aux yeux de tous, même de ceux qui sont loin de toute programmation post-humaine. La preuve nous en a été donnée la semaine d’avant les fêtes avec le jeu Cyberpunk. Si vous achetez ce jeu vidéo, vous pourrez vous procurer l’immortalité sous la peau d’un mercenaire. Plus besoin de vendre votre âme au diable, il suffit de l’implant adéquat. A vous de jouer pour l’obtenir, tous les coups sont permis ! Ce jeu a coûté 300 millions d’euros d’investissement, en quelques heures, il s’était déjà vendu par dizaines de millions dans le monde.

Les ingénieurs de la Silicon Valley travaillent à ce projet d’homme augmenté depuis quelques décennies. Si vous regardez sur la chaîne Youtube L’universitaire, le film intitulé Un homme presque parfait, vous y apprendrez que l’on fabrique désormais des jambes (et pas que) superbes directement commandées par le cerveau. Ainsi, vous pourrez disposer comme la cybermannequin que j’ai vue, d’une douzaine de paires de jambes de toutes tailles, à faire baver vos copines. Vous pouvez aussi vous faire faire un bras bien plus performant que le vôtre. Il portera de lourdes charges sans vous fatiguer et son poignet tournera à 360° dans les deux sens.

Ces améliorations sont très confortables et rendent l’homme augmenté plus attrayant que l’homme ordinaire, qui est clairement destiné dans ce contexte à devenir un sous-humain, une sous catégorie, voire un esclave. Les études contradictoires qui ont été faites sur Oscar Pistorius, le sprinter amputé à partir des genoux en sont l’illustration. Ce sportif a voulu participer aux jeux olympiques de Pékin avec les sportifs non handicapés. Mais le comité le lui refusa au motif qu’il aurait été avantagé ! En effet, dans son corps raccourci, son sang avait moins de trajet à parcourir, et son cœur était d’autant moins fatigué que ses prothèses ultra-légères étaient plus adaptées à la course que des jambes ordinaires… Pourtant, malgré son courage, cet athlète hors norme illustre aussi que le plus n’est pas le mieux. Connu pour ses faits de violence, il assassina sa propre épouse.

Des recherches actuelles tendent à rendre les prothèses encore plus attractives pour que des athlètes de haut niveau se décident à l’amputation volontaire, et c’est grave. Car ce qui reste encore un sujet de recherche et, espérons-le, de libre arbitre, pourrait bien devenir une horrible nécessité. En effet, l’humain naturel, entendez l’homme diminué par rapport à l’homme augmenté, le sous-humain destiné à la mort, cet humain-là, donc, pourrait chercher un travail de plus en plus difficile à trouver à mesure que ses congénères se seront fait poser des implants plus productifs.

Un jour, ce sous-humain aura-t-il la possibilité de refuser de se faire arracher ses sous-yeux, alors qu’on veut lui poser des prothèses pour qu’il voie de nuit et que cet enregistrement soit immédiatement relié à ses patrons… ou plutôt à leurs ordinateurs ? Et ensuite, s’il ne donne pas satisfaction, pourra-t-il s’opposer à ce qu’on débranche son système visuel ? Que sera-t-il amené à accepter pour garder cette prunelle de ses yeux ? Au niveau intellectuel ou financier, un candidat pourra-t-il refuser un implant directement relié à wikipédia ou à la bourse alors qu’il faudra être toujours plus productif et augmenter les profits, alors que d’autres en seront munis ? Et pièce à pièce, ce post-humain pourrait régresser simplement à l’état de machine prédit par Descartes. Un sous-humain robotisé au service du pouvoir. Ce mot de robot qui, rappelons-le, vient du tchèque Robota, qui signifie corvée, dure besogne…

Qu’on se rassure, la question du cyborg ne durera pas. Non, et vous savez pourquoi ? Parce que dans beaucoup de cas ces interventions coûtent trop cher. Et il y aura, il y a déjà, un moyen plus sûr et moins onéreux : la manipulation génétique. Qu’est-ce que vous préférez messieurs dames, une emmerdeuse qui louche ou un gentille fille aux yeux de rêve ombrés de longs cils ? Et si vous savez que votre enfant sera un nain disgracieux doublé de la maladie des os de verre, cocherez-vous cette case quand il est si simple de programmer le fils de vos rêves ? Vous donnerez naissance à Ken, le copain de Barbie, mais nous tous, nous serons passés à côté de Michel Petrucciani, pianiste de jazz exceptionnel

De nombreux philosophes et psychologues ont tiré la sonnette d’alarme au sujet de cette manipulation prénatale à plusieurs titres : imagination plus pauvre que la réalité, pression parentale sur l’enfant programmé à grands frais, inégalité du pauvre et du riche rendue impossible à combler puisqu’elle sera génétique, main-mise sur l’humain par des techniciens.

Il est à nos portes le temps où on créera directement des OGM humains aux capacités adaptées aux stations orbitales, aux colonies exo-planétaires. Certes cela rendrait leur vie impossible sur terre, mais ce serait bien utile n’est-ce pas ? Et que pensez-vous d’hommes bonzai capables de continuer à ramper dans les profondeurs minières au-delà de l’âge de quatre ans ? Et les chimères et les monstres dont Hercule débarrassa la planète, ne seraient-il pas après tout bien pratiques pour certains usages ? Aujourd’hui, les pauvres vendent leurs enfants tout faits aux faiseurs de guerre et aux adultes en mal de progéniture, demain nous les vendrons avant leur fabrication pour des manipulations préalables à leur naissance. Nous serons le destin de ces enfants. Nous les vendrons cher certainement. Enfin au début, puis de moins en moins cher à mesure que nous serons nombreux à le faire. C’est la loi du marché des corps. Mais rassurez-vous, un jour, cette vente ne sera plus nécessaire. Vous voulez savoir pourquoi ? Parce que nous aurons créé suffisamment d’embryons inutilisés pour offrir un stock à manipuler gratuitement et anonymement sans avoir à s’embarrasser de scrupules des parents.

Vous me direz que l’on nage en pleine dystopie, utopie négative, monde écrasant qui a été l’apanage de livres comme 1984, Le meilleur des mondes ou des films comme Matrix ou Bienvenue à Gattaca. Et pourtant nous ne sommes pas encore au bout des avancées de la science. Il nous faut parler des progrès de la gestation en machine, ça aussi c’est à nos portes. La scientifique Hélène Liu a mis au point un utérus artificiel et on a désormais le liquide synthétique à mettre dedans pour que grandisse l’embryon. Elle a même déjà pratiqué l’expérience sur un embryon humain. D’ici quelques mois, la femme pourra être débarrassée de toute grossesse. Un sondage rapporté dans ce documentaire Un homme presque parfait prétend que 55 % des femmes interrogées se précipiteraient sur cette opportunité. Coûteuse bien sûr.

Cela représentera si cela se généralise une révolution des corps dont nous avons peine à mesurer les effets sur toute la société, sur l’humanité même, sur la polarité yin yang qui crée la vie. Pour la première fois depuis Adam et Eve, seule parmi tous les mammifères de la terre et peut-être isolée, la femme serait délivrée de grossesse avant ce que l’on appelle la délivrance. Elle n’aurait plus à porter l’enfant. Elle serait exactement dans son corps l’égale de l’homme, elle pourrait travailler autant que lui et soit dit en passant, on peut donc être sûrs que cela sera encouragé !

Pour d’autres femmes, cette modification fondamentale de la conception est une dépossession. Le rôle sacré de chérir la vie et de la créer serait dévolu à une machine et à la surveillance d’un technicien. Dans la patience de la couvaison, elle génère dans le secret le miracle de la vie. Personnellement mes grossesses m’ont donné beaucoup de bonheur, du rire, de l’épanouissement, et mes accouchements m’ont appris beaucoup sur la vie et sur moi. Pour rien au monde je ne voudrais qu’on m’en ait soulagée… J’ai parlé avec mes bébés et je les ai embrassés avant leur naissance en des moments doux, joyeux et pleins qu’aucune machine ne peut créer. Oui, mais un jour prochain, il sera moins cher de créer les humains en laboratoire que de dépenser de l’argent pour la santé de la femme, son accouchement, son “oisiveté”. Qui pourra s’y opposer ?

Résumons-nous. En attendant que nous en arrivions à la production d’humains en batterie, vous pouvez dès aujourd’hui commander l’enfant de votre choix sur catalogue. Bientôt, une fois cela fait, vous le laisserez dans un placard jusqu’à livraison. Dans quelques temps, si vous avez besoin d’argent, vous pourrez être rémunéré pour le prédestiner aux mines ou aux voyages interstellaires, à la course à pied ou aux prouesses sexuelles, selon vos fantasmes et vos besoins financiers. Esclave.

Ce qui me pose problème ici ce n’est pas tant que l’homme accroisse son pouvoir sur le corps de l’homme que l’objectif visé. Après tout, l’analyse est juste et la machine est plus fiable que l’humain. Dans bien des cas, son intelligence bien plus efficace que la nôtre. Mais qui seront les maîtres de cette post-humanité ? Des sages ? Des prophètes, des prêtres ? Des philosophes ? Des bodhisattvas ? Ou une hyper-élite financière appuyés sur des fortunes si colossales que personne ne pourra même penser jouer sur le même terrain ? Les armées prennent une part active et importante à ces recherches et leurs objectifs ne sont pas seulement la réparation de leurs troupes ! Fin décembre, décembre 2020, chez nous, ici en France, le comité d’éthique du ministère de la défense a autorisé l’armée à mener des recherches pour un soldat augmenté, au motif que les Chinois sont en avance de plusieurs années et posséderaient déjà des soldats modifiés par implant. Et si l’argument est qu’il faut suivre les plus fous, quel est notre avenir à tous ? Et jusqu’à quel point pouvons-nous faire confiance au mot d’éthique quand dans une loi bioéthique, nos députés ont voté sans que personne ne bouge une loi poussant l’avortement médical pour raisons « psychosociales» non référencées à ce jour, jusqu’à… neuf mois de grossesse !? Ces petits vivants sans identité ni recours à qui, à quoi seront-ils utilisés ? Et plus généralement, à qui profite le sacrifice de l’humanité entière ?

Cette évolution vers le post-humanisme alors qu’on ignore encore ce qu’est l’humain, n’est-ce pas comme ouvrir un nouveau livre alors qu’on n’a lu que quelques pages de celui que nous avons entre les mains ? N’est-ce pas courir dans une voie sans issue ou, selon le mot de Jean-Yves Leloup, nous jouerions à la grenouille qui veut se faire aussi grosse que le bœuf ? Sachant qu’en réalité aucune grenouille au monde ne serait assez bête pour ce genre de projet. Nous, si…

Il ne s’agit pas de devenir amish comme ironisait notre président ou de revenir à l’époque des arracheurs de dents… La science est un instrument à notre service. Elle peut aussi nous aider à nous émerveiller. Nous n’avons pas encore fait le tour de l’homme ordinaire et l’imagerie médicale nous dispense désormais de trancher dans le mort pour connaître l’intérieur des corps. Elle nous donne à découvrir le fonctionnement du vivant dans le processus de la vie. Nous découvrons comment les organes sont vivants dans notre corps, et souples et mobiles : tout respire.

Sur le plan de la connaissance du cerveau, alors que l’autopsie d’une cervelle humaine nous informe à peu près autant que celle du mouton à l’étal du tripier, l’imagerie cérébrale nous apprend quelles ondes nous parcourent et les identifient, quelles zones entrent en action selon qu’on raisonne ou non, qu’on parle ou qu’on chantonne etc. Les accidentés nous en ont appris beaucoup aussi. Isabelle Filliozat rapporte dans L’intelligence du cœur qu’un jour, un malheureux se fit exploser accidentellement une partie du crâne et survécut pourtant. Hélas, il lui manquait désormais une partie du cortex droit, il avait perdu le siège de l’émotion et de l’empathie. Il se mit à diriger sa vie en dépit du bons sens et mourut misérable abandonné de tous. Plusieurs décennies plus tard, une chercheuse de pointe fut victime d’un AVC qui lui détruisit non pas le cerveau droit mais tout le gauche. Elle fit beaucoup pour la compréhension de la répartition des rôles des hémisphères en abordant cette épreuve dans un esprit d’expérimentation.

Nous découvrons donc tous les jours un peu plus un système extrêmement sophistiqué qui dépasse de loin l’imagination de nos ancêtres et même sans doute celle des roboticiens. Les cellules du corps (sans compter les bactéries) s’élèvent à plus de 30 milliards par exemple, ajoutez-y 50 milliards de bactéries. Et si nous reconnaissons qu’une cellule compte des atomes en pagaïe on arrive à des chiffres astronomiques, au sens littéral du terme. Ainsi nous possédons plus d’atomes qu’il y a d’étoiles au ciel. Tout ça dans un corps que les enfants et les allumettes dessinent avec cinq traits et un rond.

Mais ce n’est pas tout. Notre corps possède une sagesse, une prudence et une adaptation à la vie extraordinaire. Nos parlions grossesse et bébés. On sait que les premiers jours, les femelles mammifères produisent un liquide destiné à adapter l’embryon à tous les changements de son existence et à préparer son estomac pour la suite, le colostrum. Ensuite, il se trouve que le lait change de consistance au cours de la tétée. En somme il contient à lui seul l’entrée, le plat de résistance et le dessert. Il s’adapte à l’âge du nourrisson. Si une maman donne à téter à un nouveau né et que la grande sœur veut continuer à avoir la tétée du soir, que se passe-t-il ? Dès les premières gorgées, l’information donnée par la différence de succion monte à l’ordinateur central. Immédiatement, le sein adapte le lait. Si l’amour, c’est veiller au bonheur de l’autre, n’est-ce pas une programmation d’amour qui se déroule ici ?

J’ajouterai encore un réglage qui m’a fait sourire : les fonctions vitales du corps échappent au cerveau conscient. Notre cœur bat sans nous, le sang circule sans même que nous en ayons conscience, nos poumons respirent mieux quand nous dormons et à part la bouche, tout notre système digestif nous échappe. Les choses sérieuses sont mises à l’abri de notre mental : nous pourrions être distraits ou trop occupés pour nous occuper de ça. D’ailleurs on sait maintenant que la plupart du temps, ses maladies viennent de nos dérèglements mentaux et émotionnels. Restons humbles : de l’insuffisance respiratoire au cancer, de la cacophonie de nos émotions à la crise de nerfs, en général, nous sommes plus doués pour nous rendre malades que pour nous guérir…

En somme ce que nous découvrons du corps nous invite à nous mettre humblement à son écoute plutôt qu’à le manipuler ou l’amputer. Certaines leçons sont faciles à repérer. Par exemple, le corps nous enseigne un art de vivre ensemble. Chaque partie de notre corps travaille pour toutes les parties sans demander de faveur particulière et sans en tirer aucune gloriole. Si nous appliquions cela sur la terre, verrions-nous ces inégalités épouvantables entre les pays, entre les humains ? Lorsqu’un bobo touche une de ses parties, tout le corps se sent concerné. Le cœur défaille, le poumon se bloque si la portière nous coince un doigt. N’est-ce pas ainsi que nous devrions réagir quand nous apprenons que la terre se craquelle de sécheresse, que les enfants au ventre gonflé meurent de faim et de soif dans un cri rendu silencieux par l’épuisement ? Cette empathie que nous enseigne le corps devrait nous conduire à l’ouverture de la conscience et de l’amour. Et si une situation nous met en danger, tout le corps se met en ordre de bataille. Il discrimine dans l’urgence l’essentiel de l’accessoire. Seules les fonctions vitales nécessaires et adaptées se mettent en place pour notre survie, le reste se met en veilleuse. Pourtant il n’y a rien d’inutile dans le corps, c’est donc qu’une partie utile à notre vie accepte de mettre ses besoins en berne dans l’intérêt commun. Dans la société que se passerait-il si nous étions capables de mettre en veilleuse notre superflu, pour ne pas parler de nous priver d’un peu de nécessaire, afin de régler les urgences de la survie de notre planète ?

Nous pourrions allonger facilement cette liste des leçons du corps qui changeraient la vie sur la terre et lui rendraient le paradis. Achevons avec le rôle de la direction centrale. On a longtemps pensé qu’elle venait du cerveau jusqu’à ce que de récentes expérimentations physiques en neurosciences prouvent indubitablement que le cerveau ne fait que répéter et conscientiser les informations venues du cœur. Soudain la science prouve ce que clament toutes les traditions : la suprématie de l’amour sur le mental.

Alors si nous écartions un peu nos pensées pour écouter notre cœur, que se passerait-il ? Le corps démontre la puissance vitale d’un commandement central aimant et éclairé qui rassemble les milliards d’information qui lui parviennent, un commandement compris par nos milliards d’atomes. Pour cela toutes les parties du corps s’informent interactivement sans arrêt de la situation interne et externe sans y mêler la pensée. Nous sommes loin des cachotteries égoïstes et des oublis de com’ de nos sociétés…Lorsqu’une partie de nos cellules échappe à cette information, c’est le début du désordre. Qui pourrait dire que notre monde est en ordre ? A l’inverse, nous voyons ce qui serait possible si le cœur prenait véritablement le pouvoir.

Conscients que le corps était un trésor, en Orient et en Inde, les sages ont cherché à le connaître par l’intérieur. Les taoïstes donnent la première place au cœur pour apaiser et ordonner non seulement les cellules mais aussi les pensées chaotiques, les émotions dispersées et leur dangereux attelage. Ils disent que le corps et les émotions ne sont pas dissociables car tout s’inscrit, ils parlent d’une programmation originelle de notre corps, non distordue par les héritages et conditionnements de l’existence et qui nous connecte à la joie, la bonté, le courage, la générosité, la créativité, la détermination, la paix. Ils enseignent que ces qualités constituent et habitent naturellement nos organes quand ils sont détoxiqués, et qu’ensuite cela nous ouvre à l’univers dans une dimension de nous-mêmes légère, lumineuse, chaude, déployée… et complètement inconnue de notre fonctionnement quotidien. Ils affirment que notre corps est en relation avec  l’univers par la connexion à ses huit forces, aux astres, aux étoiles et à la source unique et préalable à la forme, et ils proposent d’en faire l’expérience.  Aujourd’hui ces enseignements et pratiques sont mis à la disposition du grand public, comme d’ailleurs de nombreuses autres pratiques de méditation.

Dans cette vision, le corps est loin d’être une machine, et l’âme n’en est pas dissociée. On dit qu’il fournit à l’âme le véhicule pour son voyage dans l’incarnation. A la naissance du corps, elle emménage puis à la fin, elle déménage et rentre à la maison. Notons que le corps comme véhicule de l’âme est une appellation de la philosophie grecque antique tout autant que du bouddhisme. Selon Platon, dans Phèdre, l’âme est une « réalité incorporelle, attachée au corps de sa naissance à sa disparition, elle n’est pas elle-même mortelle mais incréée et éternelle ». L’âme qui entre dans ce véhicule comme dans un scaphandre vient y faire l’expérience de la délimitation et de la séparation de corps distincts les uns des autres. Elle fait l’expérience d’un corps, et aussi des émotions et des pensées vécues à cette échelle. Il n’y a pas de frontières dans le vide, il faut de la matière pour en faire l’expérience.

L’âme fait l’expérience du corps, oui, et la réciproque est possible. Il est possible à l’intérieur du corps et à travers lui, d’expérimenter une autre dimension. Comme si la vague se rendait soudain compte qu’elle appartenait à l’océan. Ce qu’on découvre alors n’est n’est plus personnel, cela ne porte ni notre nom ni nos limitations, ni notre impuissance ni notre inconnaissance. Cela remplit tout et nous donne accès à l’amour, à la connaissance et au pouvoir du Tout. Cette conscience universelle ne peut pas être séparée de notre conscience individuelle puisque elle est partout. D’ailleurs s’il y avait une réelle séparation entre nous et cela, personne dans un corps ne pourrait jamais en faire la rencontre. Il n’y aurait pas d’éveillé, pas d’illuminé, aucun témoin de cette dimension, pas un seul miracle possible. Par contre, il est clair que nous baignons dedans sans en avoir la moindre idée. Apparemment nos capteurs sont émoussés et nous sommes persuadés d’être limités.

L’autre métaphore très utilisée pour parler du corps est celle du temple. L’étymologie indo-européenne du mot temple indique qu’il s’agit d’un espace découpé, comme notre corps se découpe dans l’espace infini. Et dans cet espace découpé du temple de notre corps, la divinité, la conscience peut venir habiter. Elle joint le fini du corps à son infini, elle lui en donne les informations, et sans doute réciproquement. L’Iliade nous présente le devin Calchas qui selon Homère, « connaissait le passé, le présent et l’avenir » grâce à Apollon. Du côté de la résurrection d’autrui, nous avons parlé de Jésus et de Lazare. Mais Elisée l’avait fait avant lui, et les premiers apôtres l’ont pratiqué largement. De nos jours, le Russe Grabovoï délivre un enseignement dans ce sens. L’esprit de Dieu qui ressuscite les corps les transforme aussi de l’intérieur. Jésus se montre transfiguré à ses apôtres avant sa crucifixion : « Son visage changea d’aspect et ses vêtements devinrent d’un blanc éblouissant, » raconte Luc. De même le corps des bouddhas est représenté comme un corps d’arc en ciel émanant la lumière. Plus communément, on a déterré des corps de saints que les décennies n’avaient pas corrompus. Un corps habité de conscience est un corps alchimisé, un corps de lumière.

Ce corps, temple ou véhicule, abrite donc désormais l’intelligence, l’amour et la puissance infinie du sans forme, en toute conscience. Dès lors, comme dit Saint Paul aux chrétiens de Corynthe, « vous ne vous appartenez pas ». Voici entre parenthèses une phrase parfaitement étrangère au trans-humanisme !

La physique quantique éclaire aujourd’hui ces métaphores. Elle nous apprend que l’énergie est l’autre visage de la matière, que la particule est aussi onde, qu’il n’y a pas de séparation entre les deux comme le montre la double nature de la lumière. De l’information de base à la matérialisation du corps, il n’y a qu’une question de densité.

Ainsi peut se comprendre aussi l’affirmation du Christ, qui détourna de lui pas mal de monde: «  Si vous ne mangez pas la chair du fils de l’homme, dit-il, et si vous ne buvez pas son sang, vous n’aurez pas la vie en vous. » Cannibalisme ? Non ? Alors quoi  ? La suite de ses paroles explicite que c’est le moyen de « demeurer uni » à lui, qui est uni au Père, source de toute manifestation. Lors de son dernier repas, le Christ est revenu sur le sujet avec le pain et le vin qu’il a demandé de manger et boire en faisant mémoire de lui.

Le radical du mot mémoire signifie ce qui reste. On le voit bien quand on parle de la carte mémoire des téléphones. ‘Faire mémoire’ de quelque chose, c’est donc en réactiver les conditions initiales dans toute leur puissance, comme si on y était. Ainsi le pain, image antique de la particule, mènera au corps transfiguré s’il est mangé dans certaines conditions de concentration et de dévotion. Le vin, métaphore de l’onde, mènera au flux de l’information divine et de la ré-information de notre ADN. En d’autres termes, le Christ propose aux hommes un transfert de divinité de Dieu à l’homme par son intermédiaire pour le corps et pour l’esprit. Cette pratique à l’origine de la communion doit être régulière pour porter ses fruits, comme les mantras bouddhistes doivent être répétés pour que la lumière qu’ils accompagnent pénètrent nos corps, et comme les méditations taoïstes ou yoguiques doivent l’être aussi pour porter leurs fruits.

Bien sûr, on sait que certains ont été frappés par la grâce selon le vocabulaire chrétien, ou ont reçu l’illumination par voie directe, comme le disent les bouddhistes tibétains, mais pour la plupart des gens que ça intéresse, il y a besoin de temps et d’acclimatation. Nous devons nous apprivoiser au changement d’échelle que cela implique et que toutes les religions et traditions soulignent. Nous devrons accepter la différence entre nous et cette autre partie de nous. Nous devrons nous défaire de nos conditionnements et fermetures par lesquelles nous estimons que nous sommes limités à ce corps de poussière d’une soixantaine de kilos. Nous devrons nous jeter dans le vide pour entrer dans ce nouvel état universel et qui ne connaît pas la mort. Nous devrons nous décrocher de notre auto-localisation pour que notre conscience, libérée du temps et de l’espace, entre et sorte de son scaphandre à volonté, pour qu’elle répande l’amour et la guérison sans effort ni limitation. Nous devrons accepter de quitter la chenille que nous connaissons pour devenir papillon.

Alors si l’expérience nous est donnée, notre corps deviendra le corps de l’univers et le nôtre en même temps. Alors nous découvrirons ce qu’est le « corps de jouissance » dont parlent les Védas, et nous conduirons l’univers entier à cette extase. A moins que nous ne préférions nous engager dans la découverte de la prothèse…