Jeux de la promenade

Face :
Jeu de la promenade à quatre pattes… Promenons-nous  où c’est possible selon l’endroit où l’on habite. Plus c’est dans la nature, mieux c’est : promenons-nous dans une prairie, sur le gazon d’un jardin particulier ou public, mais  aussi dans un salon, une chambre ou dans un couloir. On peut faire la course, la queue-leu-leu, ou la promenade de l’éléphant, le petitou à quatre pattes caché sous le grand qui l’enveloppe et le protège. Alors on avance à deux comme un seul. Si on connait un chat ou un chien avec qui faire le rapprochement, c’est bien : nous marchons comme eux, tous vivants tous parents. C’est un jeu dans lequel vous verrez peut-être ces animaux s’approcher curieusement de vous. Pensent-ils « Tiens ! ils redeviennent normaux » ? Il faudrait leur poser la question.

La marche à qquatre pattesuatre pattes, même après l’acquisition de la marche bipède, est très positive. Elle rebranche à la terre et redonne à la face avant du corps, partie yin fragile et sans protection, la protection naturelle aux quadrupèdes : ventre vers la terre, ossature dure vers l’extérieur, yin vers le yin – terre contre terre, yang vers le yang. Par le fait-même, cela apaise, sécurise et recentre. Même l’adulte, s’il n’a pas trop mal aux genoux avec cette posture, s’en trouve rapidement joyeux, et à la limite, une petite cure de quatre pattes sans bébé serait du meilleur effet en cas de stress. Bien sûr, pour ménager le voisinage et pour éviter l’ambulance, le prétexte d’un petit est tout à fait bienvenu !

Pile :
C’est le jeu de la promenade immobile.  Petitou et l’adulte sont bien tranquillement installés ; on ferme les yeux et on joue à la promenade de l’attention. On peut jouer à ça très tôt, pour accélérer l’acquisition du vocabulaire du bébé. Le plus amusant est d’utiliser une variante de Jacques a dit. Jacques a dit pied, il a dit oreille, fesses, omoplates etc. Au début, le grand peut toucher l’endroit nommé (sans ouvrir les yeux pour voir où c’est !). Puis quand Petitou grandit,  il n’y a plus besoin de le toucher, on nomme seulement. Ensuite on peut affiner : Il a dit épaule droite, il a dit gros orteil gauche.

Quand l’enfant devient plus grand et que les repérages essentiels sont terminés on passe au jeu niveau 2, comme disent les jeux vidéos. « Maintenant tu mets ton attention dans l’intérieur de ton corps, à l’intérieur de la partie qu’on nomme ; d’accord Petitou ? Jacques a dit poumons. » De temps en temps, on teste : « Où elle est ton attention Petitou ? Bravo !»

Il ne faut pas se précipiter pour laisser à la conscience de l’enfant le temps de trouver l’endroit, et il est inutile de jouer longtemps pour que ce soit profitable. Ce jeu est une porte vers la vision interne et la connaissance amicale de son corps. C’est ce que les taoïstes nomment la pratique du sourire intérieur. Exercer son regard vers l’intérieur pour équilibrer le regard vers l’extérieur, aimer ce qu’on ne voit pas, accorder de l’attention à ce qu’on sent, c’est une voie vers le bonheur.

Françoise Gabriel