Les éléments 4 : le feu

Classé parmi les quatre éléments, le feu est le seul de ces éléments qui soit impossible à polluer. Il est reconnu comme partie constitutive de notre univers, des étoiles à notre planète et notre organisme. Toujours feu, pourtant très divers par son intensité, fragile étincelle ou brasier, flamme de bougie ou soleil rayonnant et par ses effets bénéfiques ou maléfiques. Excellent sous la casserole, terrifiant dans les forêts incendiées, il éclaire et réchauffe mais il assèche et désole aussi : le feu est énergie. Et dans notre corps, il y a feu, sinon d’où viendrait que nous soyons chauds? Or le feu existe à partir de la combustion d’un support, mais aussi selon les sages et les mystiques de toutes traditions, sans avoir besoin de rien. Qu’est-ce donc que le feu ? Quelle est sa puissance? A quoi ça sert et qu’avons-nous à en faire pour nous-mêmes ? Au cours d’une promenade à travers la mythologie, l’histoire et parmi les enseignements spirituels, nous essaierons d’y répondre. Alors même s’il n’y a pas le feu, allons-y !

Pour prendre les choses par le commencement, remarquons que les mythes de tout poil font une place au feu dans la création du monde, souvent en relation avec l’eau. Chez les Egyptiens, de l’océan primordial surgit Ra, dieu du soleil de qui tout est venu. Chez les peuples du Nord, une rencontre entre la glace et le feu fut à l’origine du monde et au Japon, la puissance de la création est représentée par une baguette de diamants. Partout il est question du feu et chez nous Dieu a commencé à créer le monde avec la lumière : jour Un. Certes, avant le temps, il y avait des eaux, mais la terre était informe et vide, sans structure et ténébreuse, exactement comme dans la mythologie japonaise. Le premier acte cosmogonique de Dieu, c’est donc de créer le feu: “Que la Lumière soit”. Dans cette lumière qui permet la Vision divine, tout le reste se crée. C’est assez simple à admettre pour nous qui avons aussi besoin de lumière dans nos activités et petites créations quotidiennes. Nous vivons donc le jour et dormons la nuit, même si aujourd’hui la lumière emprisonnée dans des ampoules et des machines permet de contrarier cet ordre naturel.

Si Dieu a tout créé à partir de la lumière, même les luminaires : soleil, lune et toutes les étoiles du firmament qui arrivent plusieurs jours après elle, c’est que par voie de conséquence sous une forme ou une autre, il y a de la lumière dans tout, et donc en nous. Si je dessine avec un crayon à papier à mine de plomb, il y aura bien du plomb sur ma feuille n’est-ce pas? Ou alors il n’y aura pas de dessin. Et aujourd’hui à partir d’une cellule de n’importe quoi on peut retrouver l’ensemble, comme à partir d’un trait d’hologramme, on retrouve l’hologramme complet. Puisque nous avons été faits à partir de la lumière, nous sommes forcément faits de lumière. D’ailleurs la confirmation s’en trouve encore dans la Genèse: nous les humains, nous avons été créés à l’image et à la ressemblance de Dieu. En d’autres termes, puisqu’il est Lumière, nous avons la confirmation que nous aussi nous sommes lumière et que nous avons pouvoir de créer avec la lumière.

Oui, c’est ce qui est écrit, mais dans ce que nous vivons au quotidien, vous allez me dire que c’est plutôt non! Et pourquoi ? “Parce que. Parce que t’as qu’à essayer, si tu fermes les yeux, tu verras bien qu’on n’y voit rien et que c’est noir dedans. Alors, si nous sommes lumière, c’est tout au plus virtuel.” Certes. Mais justement… le chêne est dans le gland. Nous avons le programme de l’être de feu et lumière inscrit en nous, même si pour l’instant il ne se voit pas. Le chêne est dans le gland, et c’est absolument vrai que ça ne se voit pas à l’œil nu, parce que le programme est sous forme d’information seulement. La nature saura très bien le déchiffrer si les conditions sont réunies, par contre nous, si nous ouvrons un gland, nous n’y verrons pas un minibonzaï bien rangé dans le bon sens, il nous faudra nous en remettre à la nature et planter le gland (enfin de préférence pas celui que nous aurons ouvert) et puis observer ce qu’il adviendra de ce gland. Ce que nous verrons, c’est que ce n’est pas un gros gland qui va apparaître et grandir, mais un chêne.

Cette analogie nous aide à accepter que ce n’est pas parce que nous ne sommes pas lumière quand nous fermons les yeux que nous ne possédons pas l’information du feu en nous. Deuxièmement, ça nous prévient que ce n’est pas non plus en accroissant notre modèle actuel de corps obscur et de comportement que nous deviendrons lumière. On pourrait même affirmer le contraire. Un peu de caractère, comme on dit, c’est bien, mais plus, ça deviendrait caractériel. Pousser à l’extrême ce que nous sommes actuellement sans rien modifier serait devenir notre propre caricature et risquer la mort. La grenouille de La Fontaine qui voulait se faire aussi grosse que le bœuf nous l’enseigne sans grand discours: “La chétive pécore s’enfla si bien qu’elle creva.” Ainsi, puisque nous n’avons pas encore l’expérience commune de cette transformation, il nous faut nous en remettre à la sagesse de la nature et d’une intelligence supérieure à la nôtre. Il serait avantageux aussi de chercher où trouver des infos sur ce programme, c’est ce que j’ai fait pour vous, pour nous plus exactement!

Car dans l’état actuel des choses, nous sommes des glandus sinon des glands, et notre obscurité signifie avec force que nous ne sommes pas des soleils (je vais éviter de dire que nous ne sommes pas des lumières pour ne pas nous vexer). Si nous en doutons, observons. Autour de nous tout est sombre : les gens qui nous côtoient se sentent rarement mieux, quand nous longeons des grilles les chiens aboient et si nous surprenions un sanglier, il nous chargerait. Mais ce n’est pas la loi universelle. J’avais appris à l’école que dans l’arène romaine les lions affamés s’étaient couchés malgré leur faim devant sainte Blandine et Saint François parlait aux oiseaux et aux loups. Au Tibet, quand le rimpoche Chatral récemment disparu faisait ses pratiques, un énorme tigre venait se coucher sur une branche basse devant sa fenêtre. Pourtant il n’y a rien de plus féroce qu’un tigre.

De fait, tant que nous vivons dans l’obscurité, comment partagerions-nous la lumière? La vérité, c’est que l’obscurité provoque la peur. C’est normal d’avoir peur dans le noir, les petits enfants qui nous demandent de laisser la veilleuse ou la porte ouverte le disent très simplement. Et le problème, c’est que la peur que nous ressentons, nous l’infligeons. Dès lors le principal échange que nous faisons jusqu’au niveau mondial est celui de la peur qui mène à l’attaque, à la soumission, à la paralysie. Les animaux nous sautent dessus, les hommes sont des loups pour l’homme la femme et les petits enfants, et le marché des armes est florissant. Il fait noir.

Que faire ? Allumer la lumière. Toute l’histoire des progrès de l’humanité est donc celle des ses progrès vers la lumière, à l’intérieur comme à l’extérieur. Pour l’extérieur, par exemple, ces progrès ont coïncidé avec la domestication du feu. Dans les temps préhistoriques, les hommes n’avaient aucune maîtrise du feu. Comme les singes et les autres animaux, nous étions condamnés à nous tapir dans le froid et dans le noir, fragiles, sans recours devant le gel ni les bêtes sauvages plus fortes que nous. Et toutes étaient plus fortes que nous, avec leurs poils contre le froid, ou leur masse, ou leurs dents acérées, ou leur agilité, ou leurs griffes. Nous, nous trouvions difficilement de quoi nous nourrir et comment survivre. Mais quand le feu brûlait dans le foyer de notre tribu, tout changeait. Nous éprouvions lumière et chaleur, la peur du noir reculait aux frontières de la ligne d’action du foyer, la faim aussi grâce la cuisson des aliments et leur conservation par la fumée (manger de la viande crue ou pourrie, c’est quand même désagréable et dangereux). La flamme nous protégeait aussi des bêtes féroces non seulement parce que celles-ci avaient peur du feu mais parce que nous pouvions confectionner des armes plus performantes pour nous en défendre ou les atttaquer. C’est pourquoi, tant que nous n’avons pas percé le mystère de la production du feu, les hommes les plus valeureux se sont comportés en héros pour traverser les incendies et rapporter des brandons, et les femmes gardiennes du feu furent aussi vénérées qu’assujetties à de terribles lois. Le feu, c’était la vie de l’homme, et laisser mourir le feu ça aurait été tuer la tribu. Il n’y avait donc pas de rôle plus important et prestigieux que de garder la flamme. A Rome, les Vestales gardiennes du feu prêtresses vénérées parmi les prêtresses, étaient de cette lignée.

Les autres animaux que nous ne cherchaient pas à connaître le feu. Leur peur était plus grande que leur fascination si bien que les anthropologues affirment que la recherche du feu et la première découverte de la production de la flamme sont la marque de l’humanité. On a bien pu apprendre à des bonobos à ne plus reculer devant le feu, et même à en allumer un à l’aide de briquet et à faire cuire un steak. Mais jusqu’à maintenant, aucun d’eux n’a été suffisamment intéressé par le feu ou le steak à point pour avoir l’idée spontanée d’en allumer un. Quant à passer de longs moments à frotter deux bouts de bois pour les chauffer jusqu’à la production d’une flamme, pour l’instant ça ne s’est jamais vu. Dans Mooglie, vous souvenez-vous de la danse du roi Louie et de ses sujets avec le petit garçon ? Il lui confie qu’il aimerait bien que ce petit d’homme lui donne le feu, parce que dit la chanson”I wanna be like you”, mais on ne le voit pas disposé à faire autre chose qu’à danser cette demande! Le feu, c’est l’homme.

On produisit le feu d’abord avec deux bouts de bois, puis avec deux silex : la production de la  flamme devient très rapide et sûre, si rapide qu’en ce qui me concerne, je produisis une étincelle à partir du frottement de deux silex au cours d’une simple animation sur une aire d’autoroute… Dans les deux cas, ce n’est pas d’abord l’étincelle qui apparait mais la chaleur. Chaleur d’abord, lumière ensuite. C’est ce qui fait que le feu est associé symboliquement à la fois à l’intelligence du fait de sa lumière, et à l’amour qui réchauffe. Ces caractéristiques se rapportent à tous les feux, comme le soleil par exemple qui chauffe et éclaire en même temps (à ce propos, pour reparler de la mythologie nippone, chez les Japonais le soleil n’est pas un dieu mais une déesse et en allemand, le mot soleil est féminin).

Pour revenir à la production préhistorique du feu, d’où a pu venir à l’homme l’idée que frotter longuement un morceau de bois contre un autre, puis dans une rainure pourrait faire surgir une flamme? Pour Bachelard dans sa Psychanalyse du feu, c’est la proximité symbolique du feu et de l’amour qui l’explique, et c’est la façon de faire l’amour qui a suggéré à l’homme la manière de faire un feu. Il fallait une vision de cette possibilité pour la faire éclore. Si nous revenons à la cosmogonie biblique, nous trouvons une étrange similitude dans la façon de produire la lumière en lisant le début de la création du monde. Il est dit que l’esprit de Dieu se mouvait sur les eaux. Ce mouvement de va et vient sur l’eau a été source du jour Un, de la lumière. La baguette de diamant des Japonais aussi fut agitée par le dieu dans les eaux informes, mouvement d’une verge de feu et lumière, et lorsqu’elle en fut retirée, une goutte tomba qui fut la première île nipponne à surgir de l’eau. Ne dirait-on pas qu’il a fallu du feu pour que l’univers et les êtres apparaissent? Traditions et psychanalyse nous orientent donc vers l’hypothèse que cosmogonie générale et cosmogonie individuelle ont la même méthode: créer à partir du mouvement et du feu.

Si tel est le cas, il convient de continuer à approcher le feu comme nos ancêtres préhistoriques, avec une sorte de crainte sacrée devant cette toute puissance et aussi de nous rendre compte qu’il est d’une importance capitale de ne pas nous en désintéresser. Or le XXème siècle a rencontré ces deux écueils. Désintérêt d’abord, parce que de nos jours on peut avoir l’impression que le feu est domestiqué. Le moindre bébé peut appuyer sur un interrupteur, on achète des briquets et des allumettes à des prix dérisoires, la flamme de la chaudière se rallume toute seule et dans les rues les lampadaires s’allument automatiquement pour chasser l’obscurité… Qu’est-ce qu’il peut bien avoir d’extraordinaire, ce feu qui dans mon quotidien m’obéit au doigt et à l’œil ? Il faut avoir rencontré l’agitation du fumeur qui a égaré son briquet pour avoir une vague idée de l’angoisse existentielle d’une vie sans feu! Oui, ce qui est commun est banal, et notre attention au feu s’émousse et meurt devant tant de facilité. Jamais le feu n’a été si domestiqué, et paradoxalement, si inconnu.

Le deuxième écueil est de s’approcher du feu comme d’un vulgaire instrument, pour asseoir une puissance détachée de l’harmonie générale, et ça nous l’avons fait aussi. La science moderne s’est désolidarisée du sacré. Le travail du feu a conduit les hommes à une certaine maitrise de la combustion: le charbon, le pétrole, et même de la fusion nucléaire. Nous n’avons eu de cesse que d’augmenter notre puissance de feu, comme on dit. Ces progrès ont en effet rapproché l’humanité du pouvoir des dieux, mais notre pouvoir à nous est resté déconnecté de la lumière de l’intelligence et de la vie. C’est à la mort que nous nous sommes acoquinés. On tue davantage avec des chars en acier blindés qu’avec une arbalète, et le champignon de la bombe atomique est peut-être plus terrible que le feu qui détruisit Sodome et Gomorrhe. En tout cas il n’a rien à voir avec le feu créateur, c’est un feu destructeur qui consume et anéantit tout ce qu’il touche. Au lieu de s’élever, il mord. Le feu de la science du XXième siècle n’est pas un feu sacré

Or les mythologies et ce que nous savons des sociétés antiques nous disent que le feu est sacré, qu’il est lumière et créativité. En voici un récit particulièrement explicite. Selon la tradition grecque, les hommes qui ne connaissaient pas le feu seraient restés fragiles en leur obscurité s’ils n’en avaient pas reçu le don de Prométhée, ce Titan généreux. Or comment fit Prométhée? Le feu étant un attribut divin, il le déroba dans l’Olympe pour l’offrir aux hommes. Ceci provoqua l’ire divine dont le voleur, accroché sur son rocher, fit longuement les frais. Son foie toujours renouvelé fut chaque jour dévoré par un aigle jusqu’à ce qu’Héraclès l’en délivrât. Mais pourquoi cette colère intraitable de l’Olympe? Parce que Prométhée avait donné aux hommes non pas seulement la flamme mais le feu dans toute sa dimension sacrée : le feu et la connaissance du feu, que l’on symbolise souvent par la connaissance de la métallurgie mais qui touche jusqu’au principe même de la vie.

En leur donnant le feu et la métallurgie, il avait donné aux hommes la connaissance de l’énergie et sa maîtrise, et la possibilité de se rendre égaux aux dieux : immortels, donc libres. Quand le mythe insiste sur le châtiment de Prométhée, il nous dit: “Homme! Toi qui a oublié les secrets du feu, fais attention! Ce cadeau est plus important que tu ne pourrais croire, ne le néglige pas. Tu ne le comprends pas aujourd’hui mais tu peux au moins comprendre le châtiment du Titan. Plus grande est la punition, plus grave fut la transgression, donc plus important était le cadeau. Alors cherche pourquoi il ne fallait pas te donner le feu ! Ce feu te conduira plus haut que le sommet de l’Olympe, à la source même de la vie. Voilà ce que craignaient les dieux. “

Revenons donc à ce cadeau, et à la science de la métallurgie qui fut donnée avec. Qu’est donc le principe d’action de la métallurgie ? D’abord il faut un grand feu. Puis, plonger dans le brasier un minerai impur et laisser les scories fondre et disparaître. Cette vertu purificatrice est peut-être d’ailleurs une des bases de l’invention du purgatoire, lieu sensé nous purifier avant le paradis, alors qu’en enfer, nous n’aurions qu’à rôtir éternellement, n’ayant rien de pur à sauver ! Autre vertu de la métallurgie, c’est d’assouplir ce qui est dur pour lui donner forme. Comme le faisaient les maréchaux ferrant de nos villages, il faut placer dans la flamme un fer rigide et inutilisable en l’état, le liquéfier pour le rendre utilisable et lui donner la forme qu’on a dans l’esprit. Le feu de la métallurgie permet donc d’aller de l’impur au pur et de l’informe à la forme par une opération de purification et de transformation.

Maintenant, n’oublions pas que tous les récits des traditions qui nous parlent de l’extérieur parlent aussi de l’intérieur de nous. La flamme qui purifie le métal au creusetsignale la flamme qui purifiera notre âme et nous approchera de l’incandescence. Le principe applicable dans la forge l’est donc aussi en nous. Les alchimistes chauffaient l’alambic à la flamme pour changer le plomb en or, bien sûr, mais ils cherchaient d’abord à se changer eux-mêmes pour transformer les démons en vertus et rencontrer la pierre d’immortalité quelque part en eux. Le premier trésor est à l’intérieur, or alchimique, perle des évangiles et du taoïsme, sésame de tous les trésors, Vérité et Vie. Quelque chose en nous le sait, ou alors comment expliquer le succès des chasses au trésor auxquelles se livrent enfants comme adultes?

A ce stade, la question se pose de savoir comment on visite l’intérieur de notre terre, avec quelle lumière, puisqu’on est d’accord que quand on ferme les yeux, on n’y voit rien… Nous pourrons devenir or pur ou diamant par le feu, mais quel est ce feu ? Où est-il ? comment l’attirer? Ou bien s’il est déjà dedans, comment l’allumer? Quand je pense que ne serait-ce que le feu gastrique, même lui, à son niveau basique de ma survie, je ne sais pas d’expérience intérieure comment il fonctionne, comment rencontrer ce feu qui me transformerait jusque dans mon ADN, mes pensées et mes sentiments?

Bouddha enseigne que toute cette obscurité, notre ignorance de la lumière est due à l’oubli de notre origine divine, pure conscience, pure Lumière et pur Amour. Mais ce n’est pas parce que je l’ai oubliée que mon origine divine a disparu. Pour prendre une comparaison triviale, si un soir invitée à dormir chez des amis, je m’aperçois que j’ai oublié ma brosse à dents, j’en suis séparée mais ça ne la détruit pas pour autant. Ce feu que je ne connais pas parce que j’en suis séparée mais qui reste intact, c’est le feu divin. Or dans la bible, il nous est constamment demandé de la part de Dieu de rétablir l’alliance, dans notre intérêt : son oubli nous met au pouvoir des armées étrangères (du samsara, du malheur), alors que l’alliance nous ramènerait dans un pays où coulent le lait et le miel. En d’autres termes et c’est plutôt réconfortant, si nous désirons retrouver notre nature de lumière, la divine conscience nous y aidera.

Car le désir de Dieu, quel que soit le nom qu’on lui donne, dans sa dimension d’intelligence et d’amour, est que chacun de nous nous puissions jouir de notre héritage d’enfants de noble origine, comme diraient les bouddhistes. Il n’est pas normal que nous vivions dans la peur et l’obscurité, nous sommes faits par notre filiation divine pour la puissance créatrice et guérissante de la lumière, et ce pas seulement pour nous-mêmes mais pour le tout. Nous devrions donc être habités par le feu qui invente des galaxies d’une seule parole, et ressuscite les morts. Nous n’y sommes pas tout à fait…

Pour commencer, où se trouve le foyer ? Sur l’autel. Dans les temps anciens les prêtres faisaient des sacrifices humains ou animaux sur un autel, et ces sacrifices d’animaux étaient ensuite brûlés, que ce soit dans la religion juive ou dans de nombreuses autres religions, comme chez les grecs et romains. Il est donc d’une importance capitale pour nous de rétablir l’autel renversé par nos mémoires de malheur et nos comportements inappropriés, car le feu qu’on y met est un feu sacré : en brûlant l’animal extérieur, il permet à qui s’unit énergétiquement et par la foi de brûler en même temps notre nature animale, c’est-à dire notre nature charnelle, instinctive et périssable et de ranimer le feu.

Dans la bible, il y a au moins deux occurrences où Dieu se montre directement comme feu en enflammant l’autel du sacrifice sans intervention humaine. Une fois pour Gédéon, une fois pour Elie. Gédéon reçut l’ordre farfelu d’aller combattre la multitude d’ennemis qui ravageaient son pays avec trois cents hommes. Il demanda à Dieu de confirmer que c’était bien de lui que venait la consigne ; Dieu accepta, enflamma le sacrifice. Gédéon partit et vainquit. L’autre fois, comme une énorme sècheresse ravageait le pays, Elie mit en scène pour le peuple un duel entre Dieu et les 450 prophètes de Baal, prêtres des pulsions tordues et pourvoyeurs d’obscurité que tous suivaient. Les prophètes invoquèrent leurs dieux pour enflammer le sacrifice, mais sans succès. Alors Elie restaura l’autel renversé de Dieu et même il l’inonda. Puis il demanda à Dieu d’agir. Et Dieu enflamma tout : l’holocauste, et le bois, et la terre, et jusqu’à l’autel même. Le feu avala l’eau et le peuple fut convaincu de quitter les Baal pour revenir au dieu unique. Ensuite, Elie massacra à lui tout seul, donc sans doute rempli d’une fureur divine, les 450 prophètes de Baal, en signe d’éradication de la racine de la souffrance des hommes, qui est de se détourner de Dieu. Et la pluie revint sur le pays et les hommes cessèrent de mourir, goûtèrent de nouveau à la douceur de vivre. Puis, lorsqu’Elie mourut, il ne mourut pas, mais il s’éleva dans un char de feu, sorte de vaisseau magique vers d’autres dimensions. Feu, encore feu, lumière.

Ainsi, la leçon est que pour que la vie redevienne joie puissance et abondance comme elle devrait être, pour que jamais l’eau de vie ne nous manque, il nous faut commencer par chasser les dieux étrangers du milieu de nous, selon l’expression biblique. Nous imaginerions-nous capables de partir dans un char de feu avec nos corps aux pieds, notre mauvaise humeur et le vertige ? Non, celui qui peut ainsi s’en aller doit avoir retrouvé l’accès de sa nature ignée.

Bien sûr, je le répète, si le mot de Dieu nous gêne nous pouvons le remplacer par pure conscience, pure vacuité, pure lumière, pur amour et totale puissance, nous pouvons l’appeler Vérité. Notre vérité aussi, quand nous sommes prêts à abandonner les limitations de notre étui mortel, nous pouvons retrouver le contact avec ce feu qu’en vérité nous sommes.

Mais par où s’enflammera dans notre site le feu sacré? Où est cet autel dont nous parlions ? Nous rappelant que l’autel est le lieu du don et de l’abandon de l’homme à la guérison, et le lieu de l’amour de Dieu pour l’homme, nous rappelant que c’est le lieu de la rencontre, cherchons. Qu’est-ce qui en nous donne et s’abandonne? Qu’est-ce qui aime? Qu’est-ce qui cherche la rencontre et l’union? Il me semble bien que c’est le cœur, non pas le cœur émotionnel, prompt à souffrir, à marchander et à reprendre mais plutôt le cœur comme trône de l’âme.

Bon, arrêtons-nous là une seconde. Nous, dans notre cœur, est-ce la recherche de ce pouvoir d’amour, vie et puissance, qui crée les univers en jouant, est-ce cette recherche qui est la première ? Sur son trône, y a-t-il l’amour inconditionnel et équanime? Ou y avons-nous installé notre amoureux, notre maman, notre enfant ou petit-enfant?

Et si ce lieu est notre esprit, et que la première connexion se fasse d’esprit à Esprit, d’esprit mortel à cette intelligence infinie, qu’en est-il du nôtre? Est-ce Dieu qui l’occupe prioritairement, ou le programme de nos prochaines vacances ? Est-il suffisamment détendu, vide et ouvert pour être rencontré, ou occupé et stressé par nos problèmes ou nos joies personnelles?

Certes, le feu de Dieu réclamé par Elie, qui consume tout, l’holocauste et la pierre en même temps, a de quoi nous inquiéter, mais plusieurs récits devraient nous rassurer. D’abord, si nous nous rappelons que le peuple d’Israël fut conduit par une colonne de nuée le jour qui devenait colonne de feu la nuit, il devient évident que ce feu est amour et intelligence. La nuée comme brumisateur le jour dans le désert, le feu la nuit comme chauffage et protection contre les bêtes dans la froidure, c’est plutôt bien vu.

Il y a aussi la rencontre de Moïse avec le buisson ardent. Un jour, Moïse aperçut dans la montagne un feu qui sortait d’un buisson. Depuis le temps que ce buisson brûlait, il aurait dû être consumé, quelque chose n’était pas normal, selon la loi habituelle du feu et des buissons. L’intérêt pour ce feu qui ne consumait pas le bois, feu montant, libre et joyeux, provoqua chez Moïse une attitude qu’il nous est recommandé d’imiter si nous voulons nous en approcher aussi. Moïse se détourna de son chemin pour aller voir. En d’autres termes, lui, au centre de son esprit et de son cœur, il avait le désir de la lumière, et non pas la rentabilité de son entreprise ovine ou un rendez-vous galant. Et lorsqu’il s’en fut approché, il entendit une voix qui venait du l’intérieur du buisson et qui était celle de Dieu. De la conversation qui s’en suivit vint le nom que Dieu accepta de donner à Moïse pour le peuple : Je suis “Je Suis” – on reconnaît là le Soi de Ramana Maharshi, et vint aussi la libération de tout Israël esclave en Egypte. La rencontre avec le feu de Dieu n’est que bénédiction, et pas seulement pour soi.

Traduit en langage intérieur à nous-mêmes, que pouvons-nous comprendre? Avant qu’il ne soit ardent, le buisson était seulement un buisson: pauvre, épineux et sec sous le soleil. Ainsi parfois notre cœur, meurtri de blessures ancestrales et personnelles est-il hérissé d’épines et tout sec, et notre esprit bardé de jugements contre les autres et nous-mêmes. Pourtant c’est cela qui devient le lieu de l’énergie absolue. Bien sûr pour que cela advienne, pour que nous entendions Dieu parler, il faudra nous en approcher de suffisamment près : puisque la voix vient de l’intérieur du buisson pour Moïse, cela signifie qu’elle s’élèvera de l’intérieur de nous. Quittant nos activités extérieures bien sûr, mais aussi nos affections, nos pensées et nos agitations, il nous faudra pénéter à l’intérieur de notre cœur, et on ne pénètre dans un cœur hérissé d’épines qu’avec l’amour, les taoïstes disent bienveillance.

Ainsi nous apprendrons qu’en nous Dieu Est. Etant ce qui est, il ne connait pas la mort. Et puisque nous aurons vécu qu’il est en nous, nous saurons que nous non plus, nous ne mourrons pas. Le feu du buisson nous aura réchauffés, consolés, guéris et rendus libres. Mais ce ne sera que le début. Ensuite, nous saurons qu’avec ce pouvoir nous aurons à délivrer tout notre peuple de l’esclavage. Notre peuple, c’est à dire toutes nos celllules, toutes nos émotions toutes nos pensées. La rencontre de Moïse avec sa lumière ce n’est pas un terminus, c’est un point de départ. Ainsi en sera-t-il probablement pour nous aussi si nous entrons un jour dans le tabernacle du cœur, et si nous abandonnons les schémas personnels de notre mental.

Mais comment ? Voici une méditation transmise par le Tibet. Il s’agit de voir notre corps en tant que source d’une formidable énergie de lumière. Nous possédons toutes et tous une énergie physique, vitale et spirituelle rayonnante qui est beaucoup plus riche que nous le pensons. Et énergie et lumière sont une seule et même chose.

Imaginons et sentons que tous les aspects lourds, rigides, tendus, limités, froids, les zones de souffrances, de chagrins ou de disharmonie, toutes les parties dites obscures de nous sont transformées par la lumière flamboyante, comme dans une célébration. Entrons dans une cellule, puis élargissons jusqu’à ce que peu à peu toutes nos cellules vivent et communient dans la félicité et le bien-être. L’énergie et la lumière de milliards de cellules, comme les rayons d’autant de soleils, emplissent notre corps. Dès que la sensation est venue une seule fraction de seconde, revenons y maintes fois, reposons-nous en elle, jouissons-en.

Enfin, imaginons que la lumière et l’énergie jaillissent de notre corps comme un feu de joie qui resplendit dans la nuit, que des rayons émanent de nous comme une sorte d’aura, une sphère de protection, des arcs-en-ciels d’énergie bienfaisante. Cette énergie se propage jusqu’à toucher tous les êtres vivants et tous les lieux, en les emplissant de lumière et de paix. Terminons en ne faisant qu’un avec notre sensation de plénitude et de Joie.

Ou alors, utilisons la méditation de la Pentecôte, que nous avons fêtée justement dimanche dernier. Lors de la Pentecôte, les apôtres malheureux, honteux et malades d’avoir perdu Jésus crucifié se voyaient pourchassés pour avoir été ses amis. Ils se trouvaient ensemble dans une chambre en haut d’une maison, et ce détail a son importance. La maison trembla, un feu sacré y pénétra, et ils furent remplis du don de l’Esprit Saint sous forme de langues de feu qui les pénétrèrent depuis le haut de la tête comme l’illustrent pléthore de tableaux anciens. Aussitôt, ils sortirent et proclamèrent la bonne nouvelle de la Vie au peuple. Or bien qu’il y eut des gens de toute nationalité et de langues différentes, tous comprenaient. Dans notre corps par exemple, les cellules cancéreuses n’entendent plus le langage commun, mais le feu de l’Esprit divin ramène la Vie. Demandons donc cette lumière puis faisons-là descendre de la tête au coeur puis jusqu’au ventre, et à tout le corps, nous remplissant de clarté et de puissance. N’ayons pas peur, on n’a jamais entendu dire que les apôtres fussent sortis de cette rencontre avec une tonsure au troisième degré !

Dans le cerveau, ce feu nous donnera plus de lucidité (d’ailleurs ce mot vient de Lux, lumière). Nos pensées nous apparaîtront mieux, bric à brac que jamais nous n’avons jeté aux encombrants car nous ne savions même plus que c’était là. Nous nous surprendrons à errer du passé à l’avenir, de l’image de nous aux images d’autrui, de croyances en opinions. Nous verrons que dans notre cerveau bafouillage et cafouillage s’entrechoquent, dégageant une énergie qui nous consume au lieu de nous éclairer. Il y a du tri à faire dans notre espace mental pour lui rendre ce nom d’espace… Après, toujours éclairés par ce feu d’intelligence nous pourrons utiliser les pouvoirs de notre cerveau à ce qui en vaut la peine: prendre les bonnes décisions pour notre plus grand plaisir, organiser un emploi du temps judicieux et joyeux, accroître nos savoirs dans tous les domaines, découvrir le silence et éviter les erreurs. Oui, dégagés des confusions et de l’énergie consommée par nos pensées parasites, éclairés par une sagesse qui nous dépasse, nous aurons assez de combustible pour commencer à apprendre ce dont nous avons envie sans l’avoir osé jusqu’à aujourd’hui. Vers quoi nous sentirions-nous portés? De nouvelles langues? Des sciences? Des arts? Des techniques? Des voyages? Ou bien voudrions-nous imaginer de quoi aider les autres et la planète, comme ces jeunes qui plantent des arbres avec des drones, qui nettoient les déchetteries et les océans, qui font des recherches sur l’utilisation du vide comme énergie et mille autres choses encore ?

Puis reconnaissons que dans notre cœur, tout n’est pas bien éclairé non plus, le Saint Esprit aurait de quoi faire. Coincés dans l’émotionnel, nous sommes plaqués au sol par la tristesse et la déprime ou dressés les uns contre les autres par la fureur ou la jalousie. La haine, l’orgueil, la culpabilité et jusqu’au dégoût de nous-mêmes nous visitent régulièrement au point de nous faire faire ce que nous ne voudrions pas, ce qui s’appelle péter un câble. Ouvrir la fenêtre de notre appartement pour tirer sur des enfants qui rient trop fort dans le jardin du dessous, pousser sous le métro un inconnu devant nous, ou simplement proférer une vraie méchanceté, rien de tout cela ne nous est impossible. Ne disons pas le contraire, les dépositions des accusés sont celles que nous pourrions écrire : “Je ne sais pas ce qui m’a pris.” Et leurs voisins s’étonnent, comme j’espère les nôtres si ça nous arrivait : “On n’aurait jamais dit ça !” C’est parce que notre cœur est encombré de nos valises et des malles ancestrales jusqu’à l’oppression. Et ces valises sont remplies de souffrance et d’errance émotionnelle, d’amours déçus, d’enfants non désirés, de danses macabres. Avec le feu de l’esprit nous pourrons brûler tout cela qui n’a pas d’existence réelle, pour retrouver l’espace du flamboiement et de la joie. Sans le brasier d’amour divin, notre cœur continuera à subir la combustion ordinaire de tout ce fatras qui nous auto-détruit et nous enfume : ça nous dépasse.

En ce qui concerne notre organisme, il y a aussi du travail. Plus nous vieillissons, plus c’est clair: notre feu humain est fragile et un jour il s’éteindra. Pour l’instant par exemple, il se peut que notre feu gastrique s’affaiblisse et que nous ayons besoin d’une petite sieste après le repas. Et là, maintenant avons-nous la sensation que notre estomac, l’alchimiste de notre organisme, brûle bien nos aliments? C’est son rôle que d’utiliser le feu de l’acide pour transformer ce que nous mangeons en énergie. Sans lui, nous mourrions. Et notre feu sexuel ? Il reste souvent bloqué au premier des sept ciels dont parlent la langue française, ou des neuf paliers de l’orgasme que décrivent les taoïstes. A moins qu’il ne soit éteint, ou complètement inutilisé ?

Il se peut aussi, et je nous le souhaite, que nous ne nous sentions pas concernés par ces délabrements, et que nous pétions joyeusement… le feu. Tant mieux, tant mieux, dans ce cas nous sommes dans les conditions optimales pour ouvrir les yeux sur ce que dit Dieu dans le buisson et par sa flamme de pentecôte. Par le feu de Je Suis, le corps peut être autre chose que ce que nous en faisons. C’est ainsi que Bouddha laissa sur le roc la trace de son pied comme nous, nous la laissons dans le sable, c’est ainsi que Jésus se montra transfiguré au sommet de la montagne. Qui cherche trouvera aussi dans des temps plus récents des témoignages de cette transformation possible et vécue… même si on sait que les êtres parvenus à ce point le cachent soigneusement. Et pourquoi? L’histoire de Moïse, encore lui, revenant de ses rencontres avec Dieu au Sinaï nous l’enseigne : parce que ça fait peur au peuple. Or que ce soit prudence ou compassion, il n’est jamais bon de faire peur au peuple.

Alors, si nous voulons œuvrer à notre propre transfiguration physique, émotionnelle et mentale, et que nous ayons l’intention de rencontrer la puissance de notre feu, demandons le feu de l’esprit pour notre bois. Et aidons-nous de la méditation du jardinier. Puisque l’extérieur nous donne des leçons sur l’intérieur, commençons par regarder comment on fait un feu. On commence par des herbes sèches, du petit bois, puis du plus gros, puis les grosses bûches une fois que le feu a pris. On approche du feu ces grosses bûches avant de les mettre pour qu’elles soient bien sèches et prêtes à brûler. On ne fait pas brûler du bois vert, ça enfume et ça brûle mal.

En nous, ça donnerait quoi? Commençons par le petit bois de nos contrariétés, de nos petites méchancetés, puis de proche en proche, arrivons au meurtre que nous avons perpétré ou au viol que nous avons subi. Faisons brûler au feu de l’esprit ce qui fut malheur pour nous depuis bébé. Soyons méthodique, dressons une liste de questions pour amasser intelligemment notre bois : Qui nous a frappés pour la première fois ? Papa ? Maman ? Qui nous a volés, violentés ? Humiliés ? Remontons le plus loin possible. Pistons aussi le mal que nous avons fait… A qui avons-nous souhaité ou fait vraiment du mal, depuis notre plus jeune âge ? Voilà d’autres belles bûches! Et comme les malheurs laissent leur marque dans le corps, soyons attentifs à l’endroit de notre corps qui réclame d’être soulagé au moment où brûle ce malheur, aidons-nous des connaissances des médecines anciennes du tao ou de l’ayurvéda. Et laissons se dissoudre sous le pouvoir de la flamme tous les blocages et les maladies.

Merveille! Ce feu transforme en lumière ce qui était destiné à pourrir et salir le jardin. Comme le dit maître Chia, “Garbage is gold”, le déchet, c’est de l’or. Nos malheurs et nos scories, en s’embrasant, nous réchauffent et nous éclairent, nous donnent une énergie de plus en plus puissante. En brûlant toutes nos peines et nos dysfonctionnements, ce feu fait de nous des soleils. Et il nous montre que nous ne disparaissons pas quand disparaît notre histoire. Quand toute souffrance brûle, quand toute émotion positive mais lourde brûle, que reste-t-il? Le feu nous révélera notre âme, buisson ardent, et il nous montrera qui nous ne sommes pas. Nous verrons désormais que l’intégralité du contenu de notre conscience n’est pas vraiment nous puisque nous pouvons tout changer, tout programmer autrement. Nous comprendrons qu’il ne faut plus nous identifier à ce que nous avons vécu, que nous nous étions trompés sur notre identité véritable.

Ce n’est pas que nous n’aurions pas vécu ce que nous avons vécu et qui forme notre histoire, mais c’est parce que cette histoire, nous l’avons, nous ne la sommes pas. Alors ne nous accrochons pas à nos malheurs, ni même à nos bonheurs, cessons de nous définir par eux, et quand ils brûlent, ne nous attendrissons pas sur la bûche. Cherchons notre âme, entrons dans la flamme. Nous rayonnerons au lieu de nous consumer, et peut-être même que si Elie passait dans son char de feu, nous serions suffisamment changés pour l’apercevoir.