Titsoucou et la forêt autorisée

–  Bon, dit Titsoucou au moment où il se lève de la sieste, j’ai bien dormi. Maintenant, on va dans la forêt.
–  Tu n’y penses pas Titsoucou, répond maman.
–  Si ! Viens, allez, on y va !
–  Non Titsoucou, nous ne pouvons pas nous promener dans la forêt parce que nous n’avons pas le droit de sortir !
–  Moi j’ai très envie quand même !! C’est le printemps, il va y avoir plein de petites fleurs ! Ça va être joli !


– Oui, je sais, dit maman, mais, on ne peut pas y aller. Tu comprends, si nous rencontrons des gens et si nous sommes malades, nous risquons de les rendre malades. Et si nous rencontrons les gens malades, eh bien… Tu devines ce qui peut arriver ?
–  Non. C’est quoi ?
–  Nous, on risque d’attraper leur maladie.
–  C’est pas grave !
–   Mais, Titsoucou, ça provoquerait de la contagion !
–  
De la quoi ?
–  De la contagion.
–  Eh bien moi, ça m’est égal.

Titsoucou prend ses petites affaires et il se met à les rassembler dans son sac pour aller se promener. Il y range une petite pelle parce que dans la forêt il y a des endroits où on peut trouver du sable, et un seau, un râteau et ça y est, il est prêt.

–  J’ai une idée, dit maman. Nous allons aller dans la forêt mais il faut que tu fermes d’abord les yeux. N’oublie pas tes affaires.
–  D’accord, dit Titsoucou qui fait comme on a dit.
Sa maman l’attrape par la main et elle lui dit :
– Attention mon Roudoudou, tu n’as pas le droit d’ouvrir les yeux, d’accord ?
Titsoucou ouvre un tout petit peu l’œil et il dit « D’accord ! »
–  Oh oh ! Tu triches ! Je vais te mettre un bandeau.
–  D’accord, dit encore Titsoucou.

Maman lui met le bandeau, et il remonte un légèrement les bords pour avoir un filet de lumière parce qu’il n’aime pas être dans le noir.
–  Bon mon chéri, dit maman en le prenant par la main, nous allons nous promener dans la forêt autorisée.
–  Une forêt autorisée, c’est quoi ?
–  C’est une forêt où il n’y a pas de contagion.

Et la voilà qui ouvre la porte d’entrée. Ils sortent puis, elle fait tourner son petit bonhomme sur lui même une fois, deux fois trois fois et ils reviennent dans la maison. Tu as compris ce que fait la maman ? Oui, la forêt autorisée, c’est la maison ! Maintenant,  sa maman conduit Titsoucou autour du salon.
–  Mais maman, ça ressemble à la maison, là !
–  Ah pas du tout, dit maman, c’est la route pour la forêt autorisée. Attends, on n’est pas encore arrivés.

Et maman change de sens et puis elle traverse vers l’escalier.
–  Mais où on va ? dit Titsoucou qui voit très mal derrière son bandeau.
–  On va dans la forêt autorisée, mais nous devons grimper d’abord cette colline et descendre l’autre versant.
Titsoucou suit sa maman, ils gravissent la colline, font un petit tour et redescendent. En vrai tu as compris que ce n’est pas une colline, n’est-ce pas ? Bien sûr, c’est l’escalier.

–  C’est loin, dit Titsoucou.
–  Justement dit maman, nous sommes arrivés. Sens avec tes pieds.
Et maman fait glisser devant ses pieds un petit tapis.
–  Marche Titsoucou et devine où tu es, sur quoi tu marches.
–  Je peux enlever mes chaussures ?
–  Bien sûr ! Mais pas ton bandeau.

Titsoucou est content. Il a réussi à quitter ses chaussures sans regarder, et même, il enlève aussi tu sais quoi ? Tu ne trouves pas ? Qu’est-ce qu’il y a entre les pieds et les chaussures ? Oui ! Des chaussettes ! Donc Titsoucou se retrouve pieds nus et il les pose sur le tapis.

– Mais, on dirait un tapis !
– Oui, bravo ! Parce que dans les forêts autorisées, il y a des tapis.

A ce moment-là, le petit frère de Titsoucou sort de sa sieste. Maman lui fait Chut avec le doigt et des gros yeux. Paquito regarde sans rien dire un moment en tenant son doudou, puis il comprend et il rigole. Et il commence à apporter des tas d’objets sur le tapis pour que son petit frère les touche avec ses pieds et pour qu’il devine. Heureusement que maman surveille parce que Paquito apporte de tout, même des jouets pointus qui feraient pal aux pieds : un petit camion avec une grue, un cochon. Par contre elle a laissé un pion de jeu de dame et une toute petite pièce de légo.

Titsoucou marche sur le pion.
– Qu’est-ce que c’est ça ?
– C’est un champignon, dit maman.
– C’est pas un champignon, dit Titsoucou qui continue à chercher. On dirait un petit pion de jeu de dames.
– Tu as raison, dit maman, bravo !

Alors Paquito applaudit très fort aussi. On dirait qu’il a oublié de ne pas faire de bruit !Titsoucou est vraiment fier d’avoir trouvé. Il demande : « Il n’y a pas encore quelque chose dans cette forêt ?
– Oui oui oui, donne-moi la main, nous allons arriver dans un endroit plein d’odeurs. Là ! Ne bouge plus Titsoucou et tu vas sentir.

Maman s’en va vite, vite sur la pointe des pieds vers la cuisine. Elle prend un petit pot de confiture de fraises et encore autre chose, mais Titsoucou ne reconnaît pas l’odeur de la fraise. Alors maman lui met l’autre chose sous les narines.

– Je sais, crie Titsoucou. C’est une orange !
Paquito est très intéressé, il va chercher des odeurs pour son frère. Tu sais ce qu’il rapporte ? Une banane qu’il lui met sous le nez.
– Une banane, crie Titsoucou.
Paquito voudrait bien aller chercher encore d’autres choses à sentir, mais Titsoucou en a assez. « On rentre ! » demande-t-il.

Alors maman recommence le trajet. Ils remontent l’escalier, tournent un peu dans les chambres, ils redescendent, traversent le salon, font le tour dans un sens et dans l’autre. Enfin, maman ouvre la porte d’entrée et fait tourner Titsoucou sur lui même, et puis ils rentrent dans la maison. Quel bon moment ça a été !

Voilà, c’est comme ça que la promenade s’est finie et mon histoire aussi.